Auchi, 15 novembre, 2025 / 11:48 PM
Trois petits séminaristes enlevés en juillet lors d’une attaque armée contre le Petit Séminaire Immaculée Conception du diocèse catholique d’Auchi, au Nigeria, ont enduré des mois de famine, de torture et d’autres traitements inhumains en captivité, a confié l’Ordinaire local à ACI Afrique.
Dans une interview accordée le vendredi 14 novembre, Mgr Gabriel Ghiakhomo Dunia est revenu sur l’enlèvement et la torture, le 10 juillet, des séminaristes Japhet Jesse, Joshua Aleobua et Emmanuel Alabi – une épreuve qui s’est terminée par la libération de Japhet et Joshua, mais par la mort d’Emmanuel.
« Ils les déplaçaient constamment. C’était un comportement très sournois, honteux et diabolique. Nous ne pensions pas que les enfants resteraient plus de deux semaines entre leurs mains, mais cela n’a fait que se prolonger », a déclaré Mgr Dunia à ACI Afrique.
Il a expliqué que les trois séminaristes avaient été enlevés alors qu’ils suivaient une formation, puis retenus pendant des mois, les ravisseurs les transportant d’une cachette à une autre dans plusieurs localités des États de Kogi et d’Edo.
« Au début, ils étaient trois. Nous avons supplié qu’on les relâche : ce sont des enfants issus de milieux très modestes, pas des enfants de riches », a raconté l’évêque nigérian.
Il a rappelé que l’un des séminaristes, Japhet Jesse, fils d’un militaire, avait été le premier à être libéré après avoir été blessé à la jambe par une balle perdue tirée par les ravisseurs.
« Ils ont libéré celui qui avait été blessé quand des balles ont atteint son genou. Il a été traité à l’hôpital avant que nous demandions à ses proches de venir le chercher », a poursuivi Mgr Dunia.
Joshua et Emmanuel, a-t-il ajouté, « ont été maintenus en captivité alors que les kidnappeurs exigeaient une rançon et continuaient de changer de lieu. Ils les ont déplacés de notre région vers Okene, puis de Okene à Lokoja, jusqu’au pont Murtala et vers Kaba, des endroits que nous ne connaissions pas ».
Mgr Dunia a confié que les ravisseurs retardaient à plusieurs reprises la libération des séminaristes malgré les paiements effectués, et il a indiqué qu’Emmanuel avait perdu la vie au cours de cette épreuve.
Expliquant les circonstances de la mort d’Emmanuel, l’évêque de 68 ans a dit : « Joshua m’a raconté qu’Emmanuel ne pouvait plus marcher, qu’il le portait jusqu’à ne plus avoir de force. Ils l’ont laissé sous un arbre et ont continué leur route. »
Toujours selon le témoignage de Joshua, l’Ordinaire d’Auchi a ajouté : « Joshua m’a dit qu’Emmanuel ne mangeait plus, qu’il répétait qu’il ne mangerait qu’après avoir vu son frère. Il s’est finalement épuisé. »
Les médecins ont ensuite confirmé qu’Emmanuel était très probablement mort d’épuisement plutôt que de faim. « Celui qui a survécu était aussi dans un état critique. Les médecins m’ont dit que s’il était resté quelques jours de plus, il serait mort lui aussi », a indiqué l’évêque.
« Ils lui ont fait des transfusions sanguines, et maintenant il commence à récupérer », a ajouté Mgr Dunia.
Le séminariste rescapé vit actuellement chez l’évêque pour recevoir des soins médicaux, un soutien psychologique et un accompagnement à long terme. Mgr Dunia a dénoncé la cruauté des ravisseurs, notant que les enfants avaient été contraints de manger des aliments crus en forêt.
« Ils mangeaient du manioc et du maïs crus pour survivre. Je ne comprends pas comment un être humain peut traiter de si petits enfants ainsi », a-t-il regretté.
Le prélat nigérian a également révélé que les parents de l’un des séminaristes avaient compliqué les négociations en contactant constamment les ravisseurs malgré les mises en garde, ce qui a prolongé la situation.
« Ils continuaient d’appeler les ravisseurs alors qu’on leur avait dit d’arrêter, ce qui a tout compliqué et prolongé l’affaire, car cela a donné l’impression que la famille avait beaucoup d’argent », a-t-il expliqué.
À la suite de cette tragédie, le diocèse a relocalisé les autres séminaristes hors de la zone à risque.
« Nous les avons immédiatement déplacés vers le Centre Pastoral d’Auchi, où ils poursuivront leurs études. En réalité, malgré la situation, beaucoup d’enfants montrent un intérêt croissant pour le séminaire. Nous attendons plus d’entrées cette année », a indiqué Mgr Dunia.
Dans l’entretien du 14 novembre, l’Ordinaire d’Auchi a également dénoncé l’insécurité croissante au Nigeria, accusant l’inaction du gouvernement de laisser souffrir les populations. Il a exhorté les autorités à placer la vie humaine au-dessus des ambitions politiques.
« Si les gens ne sont pas en sécurité, à quoi servent vos ressources et vos fonctions ? Le gouvernement doit utiliser tous les moyens à sa disposition pour arrêter ces tueries au lieu de se concentrer sur les élections de 2027. Il faut sauver des vies avant que les ressources puissent être utiles », a-t-il déclaré.
Mgr Dunia a également appelé à une aide internationale pour combattre l’insécurité au Nigeria : « Le gouvernement doit être assez humble pour demander de l’aide s’il ne peut pas y arriver seul. »
Il a poursuivi : « S’ils continuent de se taire pour des raisons politiques, le Nigeria sera encore plus en danger. Le gouvernement ne doit pas avoir honte de solliciter une aide extérieure, sinon le pays deviendra encore plus instable, et Dieu seul sait ce qu’il en résultera. »
Mgr Dunia a enfin exhorté les fidèles de son diocèse et les communautés à rester vigilants : « Les gens doivent éviter d’être imprudents en se déplaçant seuls dans des zones dangereuses. »
(L'histoire continue ci-dessous)
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« La peur est une arme terrible qui tue. Nos populations doivent rester unies et se défendre pour ne pas mourir de peur. Que Dieu rétablisse la paix dans nos foyers, dans notre terre, et dans notre nation », a-t-il conclu.
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